Baltic Ace : les causes du drame
Il est encore trop tôt pour analyser les causes du drame, ce qui a pu mener à l'abordage etc., mais cette page propose de suivre l'évolution des recherches et des enquêtes à ce sujet.
Trop souvent en effet, ce genre d'accident disparaît rapidement dans le flot d'informations, surtout si il n'y a pas de risque écologique majeur.
Le RoRo (roulier) Baltic Ace allait de Zeebrugge (Belgique) à Kotka (Finlande), tandis que le porte-conteneurs Corvus J naviguait de Grangemouth (Écosse) à Anvers (Belgique).
Le transporteur de voitures BALTIC ACE (148 m) est rentré en collision avec le porte-containers Corvus J (134 m) à 40 miles des côtes hollandaises dans la nuit de mercredi à jeudi.
Quatre membres d'équipage du Baltic Ace sont décédés et 13 ont été secourus.
Il reste 7 marins portés disparus, pour lesquels les chances de survie sont très minces.
Mise à jour 6/12/2012 0256 : un corps a été retrouvé, ce qui porte à 5 le nombre de décès. Les 6 disparus sont maintenant présumés décédés.
L'équipage étatit composé de marins bulgares, polonais, ukrainiens et philippins.
6 Décembre 2012 (Reuters) - Une erreur humaine serait à l'origine de la collision qui a coulé le transporteur de voitures Baltic Ace, selon son armateur grec, Panagiootis Kakoliris (operations manager chez Stamco Ship Management Co. Ltd.). Il ne précise pas l'origine de l'erreur humaine (Corvus J ou Baltic Ace).
Le bateau transportait 1400 voitures neuves, principalement des Mitsubishi du Japon et de Thailande, et vraisemblablement à destination du marché russe.
L'opérateur était l'entreprise grecque Stamco Ship Management.
On voit beaucoup de commentaires, sur le web.
Les principaux tournent autour de :
- la mer est grande, comment cela est-il possible ?
-> la mer est grande, mais pour aller d'un point à un autre, tout le monde prend la route la plus courte, dans un sens comme dans l'autre...ce qui augmente les probabilités de rencontre.
- Comment un tel accident est-il possible, avec toute la technologie disponible ?
-> La technologie n'est pas une réponse universelle. En mer, bien des technologies sont fragilisées par :
-- vibrations continues
-- humidité, salinité et température de l'air
-- qualité de l'alimentation électrique
-- formation adéquate du personnel
Il ne faut pas perdre de vue qu'un navire marchand tourne quasi 24/7 tout au long de sa vie. Il n'y a pas beaucoup d'autres exemples industriels présentant les mêmes contraintes.
- Pavillon de complaisance = bateau poubelle
--> Le Baltic Ace a été construit en 2007 (5 ans).
Pia Libicka, du Consulat de Pologne en Belgique, a déclaré :
"j'ai parlé aux victimes[à l'hôpital d'Ostende]. Elles sont en bonne condition physique, mais leur état psychologique sucite des réserves.
"Le commandant[du navire]est en soins intensifs, mais son état est stable, selon les médecins"
Mariusz Lenckowski, de l'agence qui fournit la main d'oeuvre polonaise, a déclaré :
"Ils étaient tous qualifiés pour leur job."
Sandra Groenendal, du Bureau de Sécurité Néerlandais a expliqué qu'en raison du lieu de l'accident, situé dans les eaux internationales, la responsabilité des enquêtes reviendrait aux états sous les pavillons desquels les bateaux naviguaient, soit les Bahamas pour le Baltic Ace et Chypre pour le Corvus J.
Ce dernier point est certainement très intéressant, car il souligne que des évènements ayant lieu pas très loin de chez nous, et pouvant avoir des impacts directs sur la sécurité de nos côtes et de notre traffic, ainsi que sur l'aspect écologique de ce type de catastrophe, peuvent finalement être gérés par des enquêteurs du bout du monde...bien qu'en réalité les équipages et les bateaux soient en fait très "européens".
La mondialisation est une arme à double tranchant.
La marine marchande européenne l'expérimente sans complexe depuis les années 80, avec l'aval des états membres.
Et cela nous réserve encore bien des surprises...
Mise à jour 7/12/2012 : première reconstitution
(voir la vidéo AIS)
La colision a eu lieu par 51°50' N et 002°56' E, vers 18:15 UTC, le 5 décembre 2012.
Selon les informations disponibles sur les sites de suivi de trafic maritime de type AIS, le Corvus J faisait route au SE, et le Baltic ACE faisait route au NE.
Les deux navires étaient sur une route d'abordage, le Corvus J devant la priorité au Baltic Ace, puisqu'il avait le Baltic Ace sur son tribord.
Ceci étant dit, le Baltic Ace ne pouvait se contenter d'être prioritaire, et devait également manoeuvrer (le règlement international pour prévenir les abordages en mer - RIPAM - stipule que si le bateau non-prioritaire ne manoeuvre pas, ou si la manoeuvre du bateau non-prioritaire ne suffit pas à éviter l'abordage, le navire prioritaire a l'obligation de manoeuvrer également).
Sur la vidéo AIS, nous pouvons voir que le Corvus J manoeuvre effectivement en venant sur tribord, probablement dans l'intention de passer sur l'arrière du Baltic Ace.
Malheureusement, nous pouvons voir que le Baltic Ace manoeuvre également au dernier moment, mais du mauvais côté (il vient sur bâbord), ce qui a eu pour effet de rendre la collision inévitable.
La manoeuvre sur bâbord du Baltic Ace pourrait laisser penser que ce dernier n'a pas compris la manoeuvre du Corvus J, et a voulu passer sur son arrière.
Ce genre d'erreur peut provenir d'une mauvaise interprétation des données radar / ARPA, non corroborées par des observations visuelles des feux de l'autre navire.
On peut relever le fait que la mauvaise visibilité a probablement joué en défaveur d'une appréciation visuelle correcte de la situation, mais il ne faut jamais perdre de vue qu'un navire doit, selon le règlement ET le bon sens marin, adapter sa vitesse aux conditions de visibilité.
Or, le Baltic Ace ne semble pas faire route à une vitesse de croisière réduite.
Ceci ne fait que planter le décor, une enquête devra déterminer les responsabilités de chacun dans ce drame.
Que devient le Baltic Ace ?
Mise à jour 07/12/2012 Agence Belga :
L'avenir du navire Baltic Ace, entré en collision avec un porte-conteneurs mercredi soir en mer du Nord avant de couler, était encore incertain vendredi, selon les firmes Boskalis et Scaldis qui s'étaient chargées de ramener le Tricolor en 2003, à la suite du naufrage du navire norvégien au large du Pas de Calais.
D'après l' Agence Belga :
Selon la société néerlandaise Boskalis :
"Il faut d'abord vider le réservoir de carburant. Ensuite, un appel d'offre sera lancé pour qu'une société de dragage se charge du chantier. Mais il se peut aussi que le bateau ait coulé si profondément, qu'il reste là"
Selon la société Scaldis :
"Il y a beaucoup de similitudes avec le Tricolor, il est également possible que le Baltic Ace doive être dégagé rapidement, car le navire se trouve à un carrefour de routes de navigation importantes".
Selon les deux entreprises, il est encore prématuré de définir avec certitude ce qu'il adviendra du navire.
"Pour le moment, tous les éléments sont examinés. On en saura davantage par la suite", conclut Scaldis.
Xavier Braive, Expert Maritime Plaisance, aurait certainement pu en dire autant (et sans se mouiller davantage...)
NB : Cet article est informatif, et ne constitue pas une
prestation de conseil ni une expertise. Il vise à améliorer la
compréhension du contexte nautique et maritime, et ne saurait en
aucun cas se substituer à une expertise maritime, ou à
l'intervention d'un professionnel. Les articles techniques sont à
usage pédagogique et ne remplacent pas les instructions
constructeur. Les opérations techniques ne doivent être
entreprises que par des personnes compétentes.